Le mot mélanome vient de mélanine, cette substance colorante des cellules mélanocytes. Les statistiques indiquent 6 cas de mélanome sur 100 000 personnes par an. C'est peu, mais le nombre est en augmentation depuis quelques années du fait de la mode de l'exposition solaire. Il frappe surtout les peaux rousses à éphélides. La répartition géographique des mélanomes dans le monde montre bien cette incidence du soleil. Plus les pays ont un haut degré d'ensoleillement, plus nombreux sont les mélanomes. Dans les pays nordiques, il y en a très peu.
Les mélanomes s'installent de préférence sur les jambes chez la femme, sur le tronc et les épaules chez l'homme.
Les femmes sont plus fréquemment touchées que les hommes.
Enfin l'âge : c'est entre quarante et soixante-dix ans qu'ils sont le plus souvent observés, mais certains peuvent survenir dès la puberté.

Description

Le mélanome est une tache colorée et plane. Ce qui caractérise le mélanome, c'est :

• l'irrégularité des contours de la tache ;
• la polychromie de la tache, c'est-à-dire les diverses couleurs qui s'y côtoient, le rose, le marron, le noir, le rouge, le bleu plus ou moins foncé tirant sur le violet, et enfin le blanc.

Deux autres signes confirment le diagnostic :

• irrégularité de la surface ;
• disparition des striures normales de la peau ;

Sur de tout petits mélanomes, ces caractéristiques peuvent ne pas être apparentes. Or, c'est justement à ce niveau qu'il serait intéressant de les détecter. Après, il est parfois trop tard.

Le mélanome se développe en effet en deux phases. Il est d'abord plan, il s'étend en surface. Cette période peut durer de deux à cinq ans. Ensuite, le mélanome se développe verticalement, c'est-à-dire qu'il s'infiltre dans la peau. On voit alors apparaître à la surface de la tache un nodule (une petite boule dure). Si le mélanome est traité pendant sa phase horizontale, le patient peut espérer s'en sortir. Ses chances de survie sont de 90 à 95 % à cinq ans. Si le mélanome est repéré seulement dans sa phase verticale, alors qu'il s'infiltre, les chances de survie tombent de 15 à 60 %. selon le niveau d'envahissement.
Les tumeurs de moins de 7,5 mm de profondeur sont de bon pronostic. Au-dessus de ce chiffre, on ne se prononce plus. Si les ganglions sont atteints, la survie se compte en années. Si les viscères le sont aussi, elle se compte en mois.

Différents mélanomes

Un des mélanomes les plus répandus est la mélanose de Dubreuilh, qui s'en prend uniquement aux sujets âgés. Là encore, on a une phase extensive en surface qui peut durer vingt ans. C'est une tache noire de forme irrégulière et de coloris irrégulier, " inhomogène " disent les dermatologues. Elle varie en effet dans les tons de brun, de noir et de gris. Après cette longue période apparaît un nodule brun ou rose, petit point surélevé, qui signifie qu'on est passé à la phase d'envahissement en profondeur.
Ce mélanome tue rarement car les métastases sont rares.
A l'opposé, le plus dangereux est sans doute le mélanome nodulaire, qui n'a pas de phase horizontale et qui plonge immédiatement dans l'organisme. Ce mélanome se présente comme un petit nodule, ou une petite plaque, de couleur noir foncé ou pâle, parfois sans couleur, aux membres inférieurs, parfois ulcéré et saignant.
Un autre mélanome du même type peut se loger sur la matrice de l'ongle. Il forme comme une bande noire longitudinale. Les mélanomes peuvent aussi se loger sur les muqueuses ou sur le cuir chevelu où on ne les voit pas, et où, bien sûr, on ne les soigne pas.

Que faire ?

La première chose serait d'être très attentif à toutes les manifestations de sa peau. Or, assez souvent, on ne se soucie pas d'une grosseur ici, d'une tache là. On pense que ça disparaîtra. Et, effectivement, souvent ça disparaît. La sagesse serait sûrement d'aller consulter un dermatologue une fois par an pour une inspection générale. Certains sont conventionnés ; cette démarche n'est donc pas trop coûteuse, elle demande seulement un peu de temps et d'attention.
Pour ce qui concerne les mélanomes malins, rares, précisons-le, le traitement consiste en l'exérèse chirurgicale de la tumeur.
Le chirurgien fait une coupe large. Il peut en refaire une autre plus élargie après examen de la pièce si celui-ci a révélé un mélanome enfoncé de plus de 7,5 mm, pour enlever ce qui traîne encore de la tumeur. Il peut même décider d'enlever les ganglions s'il pense qu'ils sont atteints et si ces ganglions sont palpables.
Après ablation chirurgicale, lorsque le mélanome est trop avancé, la radiothérapie et la chimiothérapie prennent la relève, mais sans trop d'espoir. Les mélanomes peu avancés, la mélanose de Dubreuilh sont enlevés " a minima ".